Page accueil / Suivez avec nous le sonneur à ventre jaune
Depuis quelques semaines, l’équipe du SMAGL procède au suivi du Sonneur à ventre jaune, espèce emblématique des Gorges de la Loire.
En 2010, 2017 puis en 2024, c’est grâce à la technique de Capture-Marquage-Recapture (CMR) que l’état des lieux de la population de ce petit amphibien emblématique des gorges de la Loire est réalisé. Cette méthode consiste à capturer les individus une 1ère fois, les marquer (ici une simple photo est suffisante, car leur pattern (tâches) sur le ventre sont tous différents les uns des autres) puis de les recapturer les semaines suivantes.
Cette année, après 9 passages, un calcul statistique est réalisé pour estimer le nombre d’individus dans la population, connaître le nombre de mâles par rapport aux femelles, s’il y a des échanges avec des populations plus lointaines, etc.
Mieux connaître notre petit crapaud et évaluer les mesures de gestion mises en place pour sa conservation
La 1ère étude en 2010 a permis de mettre en évidence la présence de 3 populations au sein des gorges de la Loire. En 2017, comme aujourd’hui, nous actualisons les données tout en faisant un état des lieux de la population. Nous essayons également de savoir si la population est connectée à d’autres dans la Loire ou la Haute-Loire. Ce petit crapaud ne parcourt en moyenne que 300 mètres autour de son lieu de vie, même si cela peut aller jusqu’à 2-3 km en phase de dispersion par les juvéniles. La fragmentation et la raréfaction de son habitat limitent grandement les échanges entre les différentes populations, pouvant mener à un appauvrissement génétique, et donc à devenir plus enclin à la maladie par exemple.
Le suivi de cette année est réalisé conjointement entre Natura 2000 et la Réserve Naturelle dans le cadre de suivis d’espèces patrimoniales. Pour rappel, l’ensemble des amphibiens de France est protégé. Une dérogation par arrêté préfectoral est demandée par l’équipe du syndicat pour manipuler les sonneurs. Le sonneur à ventre jaune est une espèce considérée comme d’intérêt communautaire selon la directive Faune-Flore-Habitat. D’après la liste rouge des amphibiens de France métropolitaine établie par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), il est classé comme vulnérable. C’est-à-dire que c’est une espèce menacée de disparition.
De la vie dans une flaque ?!
Le sonneur à ventre jaune est un petit crapaud aux mœurs assez particulières. Il apprécie beaucoup les ornières sur les chemins forestiers et les vasques rocheuses lors de la saison de reproduction ! Un peu comme la Salamandre. Il utilise ces milieux car les prédateurs y sont peu présents du fait que ce soit très peu connecté à la rivière (absence de poisson) et qu’ils s’assèchent au moins une fois dans l’année, limitant le développement d’insectes aquatiques potentiellement prédateurs (libellules, dytiques…). Par contre, ce sont des milieux très sensibles aux changements climatiques (assèchement rapide).
Visible de jour comme de nuit, vous pouvez reconnaître ce petit amphibien à la pupille en forme de cœur et à sa couleur jaune vif sur le ventre et la gorge, qui le distingue de ses congénères. Comme les autres amphibiens, sa respiration se fait à travers ses poumons et sa peau grâce à un mucus spécial qu’il sécrète et lui permet aussi de se protéger. Son chant discret est composé d’une suite de « hou hou hou » brefs et graves. Tendez l’oreille et ouvrez l’œil si vous souhaitez le rencontrer !
Cette espèce protégée est menacée. Amis à vélo, attention à ne pas rouler dans les flaques !
Une centaine d'individus et un sonneur d'au moins 15 ans
Les résultats de l’étude montrent qu’il y a environ une centaine d’individus dans les Gorges de la Loire. Un autre résultat intéressant de cette année est la capture d'un sonneur âgé d'au moins 15 ans. Cet individu a été observé lors des suivis réalisés en 2010, 2017, 2020 et 2024.
De plus, les sonneurs sont répartis dans trois localités différentes, qui ne semblent pas être connectées, c’est-à-dire qu’aucun individu ne se déplace entre les sites. Une étude sur la modélisation de leur aire de dispersion potentielle a été réalisée par l’extension Biodispersal, utilisée pour modéliser les différentes trames.
Une mesure pour le brassage génétique : la création d'ornières forestières sur des points stratégiques
Cette étude a mis en évidence divers habitats imperméables à leur déplacement tels que des milieux urbanisés ou encore une absence de corridor forestier dans certaines localités. Pour faciliter les déplacements de l’espèce et ainsi contribuer au brassage génétique, nécessaire pour une meilleure viabilité des populations, des ornières forestières vont être créées sur des localisations stratégiques.
Sur certaines zones pour protéger cette espèce également, des mesures préventives sont mises en place, comme par exemple la fermeture de certains chemins aux véhicules à moteur, afin de limiter le passage de véhicules lourds dans les ornières en période de reproduction, comme en 2017.
Voir le reportage de France 3 sur le suivi du Sonneur à ventre jaune