Un Territoire Remarquable
Patrimoine / Saint-Paul-en-Cornillon
Clocher de l’église de Cornillon inscrit aux Monuments Historiques par l’arrêté du 19 octobre 1927.
Château partiellement inscrit aux Monuments Historiques par l’arrêté du 15 novembre 2007 (pour les communs, le décor intérieur, l'enceinte et le jardin).
La petite commune de Saint-Paul-en-Cornillon s’articule autour de deux bourgs distincts, qui diffèrent radicalement de par leur positionnement géographique.
Le bourg niché au creux d’un large méandre de la Loire, Saint-Paul, semble s’être développé autour d’un ancien prieuré bénédictin attesté dès le XIIe siècle et ayant tiré parti du relief plane formé à cet endroit par le fleuve. A l’inverse, celui de Cornillon s’est développé sur les contreforts du piton granitique imposant qui porte encore le château du même nom. Faisant la jonction entre les deux ensembles, un viaduc ferroviaire dit « les 9 ponts » vient compléter le panorama.
Le nom Cornillon viendrait du celte corn (« rocher ») et ouel (« élevé ») ou ouille (« de la vallée »), et aurait la même base étymologique que les Cornouailles.
Un château passé entre les mains de nombreuses familles
Le château de Cornillon domine les environs depuis un emplacement stratégique, qui permettait le contrôle du couloir reliant la vallée de l’Ondaine au bourg d’Aurec. La date de la première fortification sur le piton rocheux demeure inconnue, mais la disposition actuelle du château laisse supposer que le site était occupé par des ouvrages défensifs dès le XIe siècle. Il existe très peu de documents permettant de retracer l’histoire du château, hormis sur le fait que de très nombreuses familles se soient succédé à la tête de la baronnie. Selon l’ouvrage Etudes historiques sur le Forez : Histoire de la baronnie de Cornillon de l’abbé Prajoux (1900), le territoire de cette dernière s’étendait sur les communes actuelles de Saint-Paul-en-Cornillon, Fraisses, Unieux, Çaloire, ainsi que sur une partie de Firminy, Saint-Victor, Saint-Maurice-en-Gourgois et Aurec. Le premier document écrit faisant mention du château indique que la famille de Lavieu en était propriétaire au XIIe siècle. Il devint ensuite propriété de la famille de Beaudiner, puis de celles de Poitiers, de Crussol, de Layre, de Levis-Ventadour, de Fay et de Nérestang avant d’appartenir à des familles bourgeoises aux XVIIe et XVIIIe siècles.
La plus grande partie des éléments du château actuel datent des XVe et XVIe siècles, et sont l’œuvre de la famille de Layre, qui dut notamment restaurer et renforcer l’édifice durant la guerre de Cent Ans. Cependant, la chapelle située à l’intérieur de l’enceinte a conservé une abside du XIIe siècle, et le donjon ainsi que la porte dite « des chars » semblent avoir été bâtis au XIVe. L’édifice, peu entretenu dans la première partie du XVIIe siècle, a ensuite fait l’objet de plusieurs restaurations par ses propriétaires successifs jusqu'à la Révolution, notamment par Jacques Jacquier puis par les Grimod de Bénéon de Riverle entre 1686 et 1789. Après une nouvelle période alternant le manque d'entretien et les restaurations, il est aujourd'hui patiemment remis en valeur par son propriétaire : ainsi, les jardins, les remparts, les tours et les communs ont retrouvé leur faste passé.
Au cœur des guerres de religion, la légende d’un amour impossible
Le chroniqueur Jean-Antoine de La Tour-Varan (1796-1864) a porté à l’écrit une légende sur les événements s’étant déroulés au château de Cornillon durant les guerres de religion.
Ce dernier appartenait alors aux Levis-Ventadour, qui l’avaient reçu en dot lors du mariage de Suzanne de Layre avec Gilbert de Levis-Ventadour en 1538. En 1570, selon les écrits de La Tour-Varan, Charlotte de Suze, nièce du seigneur de Cornillon et catholique, devait rejoindre le château pour y trouver refuge. Le convoi qui l’escortait tomba dans une embuscade tendue par Robert de Jarjaye, jeune chef huguenot qui s’apprêtait à assiéger Cornillon. Il captura la jeune fille, la protégea et l’utilisa vraisemblablement comme otage vis-à-vis des défenseurs catholiques du château. Cette rencontre fut le point de départ d’une idylle romanesque entre Robert de Jarjaye et Charlotte de Suze, tourmentée par les luttes entre huguenots et catholiques. Lorsque le château fut finalement repris par les catholiques, Robert fut torturé et jeté aux oubliettes, où il périt : Charlotte mourut de chagrin.
Depuis lors, on raconte que le tortionnaire de Robert, Philippe du Roure, assailli par le remords, a longtemps erré entre Cornillon et le Pertuiset avant d’être changé en loup-garou. On raconte aussi que, les nuits du mois de mai, peu avant l’anniversaire de la mort de Charlotte et Robert, deux flammes bleues apparaissent aux abords du château de Cornillon et dansent jusqu’au grand monolithe naturel de la Roche fourchue, au bord de la Loire, accompagnées de bruits de soupirs et de sanglots…